Enfoncé dans un
mur, sous une porte dans la rue Volgues,
se trouve ce fragment de tête de croix en grès.
C'est un vestige très
intéressant, et, je crois,
le reste sculpturel le plus ancien de Saint-Antonin-Noble-Val.
Des telles croix paléochrétiennes
se sont répandues dans tout l'ancien empire romain
et même au-delà : jusqu'en Irlande.
Selon la tradition légendaire
du propaganda chrétien, l'Empereur Flavius Constantius
(Constantin)
au IVe siècle, a eu un rêve devant la bataille contre son
rival Maxence au Pont-Milvius
(l'actuel Ponto-Milvio au nord de Rome) :
Jésus lui a montré un monogramme magique flamboyant dans
le ciel, et lui dit :
"Par cela, vaincs!" (en touto nika en grec
In
hoc signo vinces en Latin.)
En fait, Constantin ne
s'est converti avec certitude que sur son lit de mort.
C'était sa mère, Hélène, qui était
chrétienne - mais pas humble du tout.
(L'humilité est la vertu la moins répandue parmi les croyants.)
Le forme exacte de l'apparition
n'est pas clair.
Il s'agit du Chrisme formé des deux lettres grecques X (Khi)
et P (Rho) les initiales du mot CHRistos,
avec ou sans le Alpha et le Oméga : « Je suis le commencement
et la fin.. ».
Les anciens Grecs utilisaient le signe comme abréviation du
mot chrêsimon = 'chose utile', pour marquer les passages
dignes d'intérêt.
Par la suite, ce Chi-Rho a été adopté par
les chrétiens, en toute probabilité avant le règne
de Constantin.
En
lire plus.
A noter aussi cette pièce de monnaie romaine-républicaine
de Manlius ( circa 107 avant l'ère moderne),
avec le soleil, la lune et le «
carrefour celeste »
platonique :
un X qui représente l'entrée au royaume de la perfection.
Il fit alors apposer sur les boucliers de ses légionnaires ce
Labarum (étendard),
emblème de la Chrétienté puissante, dans l'Empire
d'Orient
(c'était Constantin lui-même qui a partagé l'empire
romain),
ainsi que, plus tard, dans les pays occidentaux envahis par les Wisigothes,
surtout dans les Asturies
- et également dans un pays jamais partie de l'Empire Romain
: l'Irlande.
Metropolitan Museum, New-York : stèle byzantin d'Egypte
VI°-IX° siècle, avec inscription copte : Pliny physicien.
A noter : l'Ankh en bas, symbole antique de la vie éternelle.
A noter aussi : l'oméga est presque toujours en forme minuscule
[w]
lorsque l'alpha est presque toujours en forme majuscule.
Bylis (Ballsh), Albanie :
alpha et oméga suspendus des bras d'une croix grecque.
VI°-IX° siècle.
Musée du Louvre : cuve de Sarcophage de Drausin, Soissons
(Aisne) , marbre, VI° siècle :
décoré d'un Chrisme, alpha & oméga, et de pampres
de vigne.
Santiago de Compostella : Puerta de las Platerias - sculpture
paléochrétienne ou wisigothique
(V°-VIII° siècle) réutilisée ? A noter
: l'oméga déformé.
Kildreenagh, Loher (comté de Kerry), Irlande :
croix gravée sans chrisme, mais avec alpha et oméga.
VI°-VII° siècle.
Kirkmadrine (comté de Dumfries &
Galloway) Ecosse :
stèle funéraire V°-VI° siècle : oméga
déjà bien déformé.
|
Cloonlaur (comté de Mayo) Irlande :
stèle funéraire V°-VI° siècle :
oméga et alpha (renversés et suspendus) encore
plus déformés,
et le Rho bien réduit.
|
Hartlepool (Tees-side) Angleterre :
stèle funéraire V°-VI° siècle :
oméga majuscule déformé, l'inscription
en lettres "hiberno-saxonnes minuscules" est BERCHTGRA
|
Kilvickadownig (comté de Kerry), Irlande
:
gravure sur une pierre avec traitement abstrait
du Chrisme et de l'alpha-oméga.
La croix-pattée est le X entourée d'une auréole
qui est le P
et des spirales qui réprésentent l'alpha-oméga.
Mais l'auréole pourrait également réprésenter
l'Omega en majuscule grecque.
VI°-VII° siècle.
|
Caherlehillan (comté de Kerry), Irlande
:
deux stèles gravées. Celui de droit porter une
croix-en-cercle évoluée, surmontée d'un
oiseau
(paon : symbole de l'immortalité, ou colombe)
pas raffiné du tout.
Sous la croix-en-cercle deux enjolivures qui peuvent réprésenter
soit des serpents, soit l'alpha-oméga abstrait. VI°-VII°
siècle.
|
Bylis (Ballsh), Albanie : une croix-en-cercle entourée
de ?serpents,
symbole de la Terre-Mère qui se trouve souvent dans l'art chrétien
de l'avant-gothique.
V°-VII° siècle
Rome: San Lorenzo Fuori degli Muri : Chrisme avec serpents
qui ressemblent aux chaines,
alpha et oméga pas suspendus. V° siècle.
Bonn (Nordrhein-Westphalen), Allemagne :
détail d'une dalle funeraire d'une certaine Rignedrudis
avec le alpha (majuscule) et le oméga (minuscule) suspendus de
chaines.
Il manque le Rho. VI° siècle
Olcoz (Navarra, Espagne): le alpha et le oméga sont
suspendus,
mais il y a aussi un serpent au pied du rho - ainsi qu'une traverse
de croix entre les bras du khi.
Bas-relief plus élaboré sur l'église romane
de Coll de Nargó (Lleida), dans les Pyrénées
espagnoles:
le serpent est devenu un S majuscule.
Sur l'église Saint-Pierre, Simacourbe (Pyrénées-Atlantiques).
Tympan du XIIe siècle, Violles (Hérault) :
le oméga est devenu quasi-phallique.
Tympan du XIIIe siècle, Mont (Hautes-Pyrénées)
: le alpha et le oméga sont presque méconnaissables.
La fréquence des chrismes dans les pays du sud-ouest signifie
peut-être un défi aux Cathares.
Au dessus de la porte de la chapelle sud-pyrénéenne
du monastère de Obarra (Aragón), une
seule pierre sculptée,
dont le serpent est transformé en traverse de croix, et une
autre traverse au dessous du rho crée une croix un peu mal formeé.
Viviers (Ardèche), Chapelle Saint-Ostian :
La petite porte latérale sud présente un tympan sculpté,
très altéré,
et à gauche, un fragment de tête de croix chrismée,
avec un Oméga parfait, en minuscule.
Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne) :
alpha et oméga renversés, l'oméga ressemblant à
un cor
(mais pas de Roland, qui sonne au fond des bois)
ou un serpent, ou... ?
VI°-IX° siècle : wisigothique ou mérovingienne.
L'alpha est en forme minuscule, ce qui est rarissime.
Manuscrit de l'Apocalypse de Saint-Jean,
dit le Béatus de Saint-Sever (Landes), folio 14
:
l'alpha et l'oméga stylisés et bien décorés.
XI° siècle.
Portes
& encadrements
de St-Antonin-Noble-Val
Sites
préhistoriques qui voisinent Saint-Antonin
:
Dolmens
de Saint-Antonin >
Roussayrolles
>
Saint-Cirq
>
Septfonds
>
Vaour,
Verdier
(Sainte-Cécile),
Vieux
>
Grotte
de la Magdaleine des Albis
>
'Le Chemin des Neuf Pierres'
indique peut-être qu'il éxistait un alignement,
il n'y a pas trop longtemps, dans l'amphithéatre Wagnérien
de Saint-Antonin,
dominé par des tombeaux sur les
causses.
Les alignements
ne sont pas inconnus en Rouergue...
sculptures « licencieuses » de l'art roman:
grand
discours photographique en langue anglaise